L’Argent évoque la spéculation financière à une période où Paris a la première Bourse au monde, à égalité avec Londres. Zola en livre une description haute en couleurs et en personnages, complétée par la solide documentation qu'il avait amassée, en plaçant l'action vingt-cinq ans plus tôt, en mars 1864. Comme dans Germinal, il préfère ce décalage dans le temps qui lui permet une relation plus solide de l'intrigue.
Le romancier se livre par endroits à des considérations philosophiques sur le changement qualitatif qu'opère dans l'esprit la disposition de ressources importantes, permettant de transformer jusqu'aux paysages eux-mêmes. Avant Francis Scott Fitzgerald, chez qui ce sera un thème récurrent, il laisse entrevoir cette nouvelle perception bien éloignée des principes de 1789 : les riches sont différents. Ce thème était déjà en partie abordé dans La Curée.
Inspiration
Pour écrire son roman, Zola s’est inspiré des scandales financiers de son époque. Le scandale de Panama est amplifié par la liquidation judiciaire de la Compagnie de Panama, le 4 février 1889, au moment où Zola écrit L’Argent. L'année 1889 est aussi marquée, un mois plus tard, par les spéculations d'Eugène Secrétan qui causent la faillite du Comptoir national d'escompte de Paris, ancêtre de la BNP et le suicide de son président Eugène Denfert-Rochereau.Le romancier s’est principalement inspiré d'un évènement survenu sept ans plus tôt, le krach de l’Union générale (1881-1882), à l'issue duquel le banquier catholique et légitimiste Eugène Bontoux est condamné à cinq ans de prison et ruiné par la baisse des actions de sa banque, qu'il avait achetées en masse, en infraction à la loi de 1856 sur les sociétés. Jugeant l'action trop élevée, les Rothschild et la Caisse générale des chemins de fer de Jules Mirès avaient spéculé à la baisse, à l'instar de l'ennemi juré de Saccard dans L’Argent, le banquier Gundermann.
L'industriel Hector de Sastres, spéculateur, ami et protégé du ministre Jacques Louis Randon, a aussi inspiré le personnage de Saccard.
Zola évoque aussi la bataille de Sadowa, qui déclencha de forts mouvements spéculatifs. Saccard est averti du résultat de la bataille avant tout le monde par une indiscrétion chez son frère, ministre de l'intérieur et en profite pour réaliser d'importants bénéfices.
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